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  • Laura Ducharme

5 bienfaits d'un solo en nature 🌿

Dernière mise à jour : 29 sept. 2022



"Wowwww! Ça doit être tellement gratifiant ce que tu fais comme job! C'est comme si t'étais TOUUUTTTTT le temps en vacances!"


(Dit ici avec une petite pointe d'envie et... de mépris...!)


Mmm...


Pas tout à fait.


C'est le nerf de la guerre en intervention par l'aventure et le plein air: nous sommes à la frontière entre la passion et la profession.


En fait, il a une réelle différence entre partir en expédition pour soi et encadrer un groupe d'intervention en contexte de plein air: la gestion des risques, la planification, l'encadrement, les objectifs, etc.


Nous ne faisons pas de l'intervention plein air pour soi.


Nous sommes là pour que chaque individu dans notre groupe puisse optimiser son plein potentiel dans un contexte expérientiel.


Bien évidemment, j'ai une préférence pour mes séances de travail social en plein air. Intervenir sous un ciel étoilé est définitivement plus agréable que sous les néons!

En contexte d'intervention plein air, je n'ai clairement pas le temps de contempler la beauté du paysage avec un p'tit verre de vin au bord du feu. L'intervenant en contexte d'INA doit toujours avoir "un coup en avance" sur son groupe pour lui permettre d'être disponible et assurer l'atteinte des objectifs thérapeutiques des participant.e.s.



D'où l'importance d'assurer une distanciation par rapport à cette approche et de prendre un pas de recul nécessaire lorsque . En recherche sociale, cela se nomme la "rupture méthodologique".


J'approfondis un peu plus cette notion avec mes étudiant.e.s de l' AEC en intervention par l'aventure et le plein air ainsi que mes participant.e.s de la formation Les Pas Sortables: Intervention par l'aventure auprès d'une clientèle vulnérable (disponible sous peu!).







Ceci étant dit, depuis la fondation de MAÏKANA en 2019, une à deux fois par année, je pars 24 à 48 heures seule dans la nature, et ce, en complète autonomie.



Avant le début de la folie d'automne (je ne sais pas pour vous, mais moi, j'ai réellement l'impression d'avoir "échappé" mon été!), j'ai pris la décision de partir toute seule, avec mon sac à dos et mes bâtons de marche, pour me ressourcer, recharger ma batterie et surtout, me connecter en tête à tête avec la nature.


Avec nos groupes, ces moments de connexion plus personnels sont pratiquement inexistants.


Mon focus est plutôt sur ma gang en expédition.






D'une durée de 30 minutes à 1 heure (voir 1 à 2 jours pour certains programme d'INA!), j'invites nos participant.e.s à explorer le solo en nature sur une courte période lors de nos séjours.


En utilisant mes 5 sens, voici donc quelques bienfaits que j'ai pus constater, appuyé par certain.e.s chercheuses-eurs de tous les horizons.


1. La vue: avoir une vue sur un espace naturel est bénéfique pour notre santé


Parmi les nombreuses études réalisées depuis les 50 dernières années, l'étude réalisée en 1984 par Roger S Ulrich est devenue un incontournable pour démonter les bienfaits d'avoir accès à une vue sur un espace naturel.


En résumé, l'étude porte sur la récupération post-opératoire de patient.e.s dans un hôpital en Pennsylvanie entre 1972 et 1981. Ces patient.e.s ont été examinés pour évaluer et déterminer si le fait de séjourner dans une chambre avec une fenêtre donnant sur un cadre naturel pouvait avoir des influences positives sur la convalescence des patient.e.s.


23 patient.e.s qui séjournaient dans une chambre avec une fenêtre donnant sur un espace naturel ont eu des séjours hospitaliers postopératoires beaucoup plus courts, ils/elles ont reçu moins de commentaires négatifs dans les notes des infirmières et ils/elles ont pris moins d'analgésiques puissants comparativement aux 23 patient.e.s qui séjournaient dans des chambres similaires avec des fenêtres donnant sur un bâtiment ou un mur en briques.


Comme quoi nos hôpitaux devraient s'inspirer de ce type de recherche et revoir la couleur bleue "malade" des murs de nos bâtiments de la santé!




2. Le toucher: apprécier d'être sale et bouetteuse, comme un enfant!

En cette ère aseptisée aux odeurs de Purell et de javellisant, les moments où j'ai les mains sales sont devenus plutôt rares.


Pourtant, notre corps a besoin d'être en contact avec certaines bactéries et certaines parties de notre corps auraient des capacité autonettoyantes. Ce sont les produits nettoyants qui irritent notre peau et détruisent la barrière de protection naturelle de certaines parties de notre corps.


Bon, évidemment, le but de mon propos n'est pas de t'encourager à cesser de te laver, mais plutôt à repenser notre vision de ce qui est sale ou non.


"Ne t'assoie pas là! Tu vas salir ta robe que je viens tout juste de t'acheter"


"Ne touche pas à cela, c'est sale et contaminé!"


Le nombre de parent que j'entends s'époumoner et s'arracher les cheveux sur la tête pour éviter que leurs enfants se salissent me portent à croire qu'il aurait peut-être une réflexion à avoir.


Avoir les deux mains dans la terre, le sable ou l'eau d'une rivière est pourtant tellement ressourçant pour ma part!


Se permettre d'être sale, c'est un plaisir qu'on ne se permet plus rendu à l'âge adulte.


De toute façon, lors de mon solo en nature, je n'ai croisé personne, sauf quelques Tétras du Canada, quelques libellules et une couleuvre.


Donc, à bien y penser, "être propre" est un comportement social qui nous permet d'éviter de contaminer les autres êtres humains avec nos bactéries, virus et ... nos odeurs corporelles!


3. Le goût: tout a meilleur goût en camping!

Je ne sais pas si vous avez déjà eu cette sensation exaltante: l'incroyable goût de ton café, suite à ta première nuit en camping! Qu'il soit brûlé, mal dosé ou mixé avec le goût du bouillon de poulet du souper de la veille, le goût du café est toujours meilleur... en camping!


D'ailleurs, as-tu remarqué aussi que le repas du soir après une longue randonnée ou un effort considérable, l'est tout autant!


Je suis tombée par hasard sur un texte sur la notion de souffrance.


Dans cet article, le psychologue Paul Bloom explique que d'un point de vue évolutif, il est logique que nous ressentions de la douleur : cela nous entraîne à éviter les expériences ou les stimuli qui nous nuisent. Toutefois, selon ce même auteur, vivre une vie qui a un sens exige que nous choisissions de supporter une quantité raisonnable de douleur et de souffrance.


Quel est le lien entre l'expérience exaltante de nouilles Ramens suite à une randonnée de 20 kilomètres et les explications de Paul Bloom sur la souffrance?


Nous ressentons un sentiment de récompense lorsque nous progressons vers nos objectifs et exécutons bien les tâches. Par exemple, progresser sur un chemin de randonnée pédestre avec un sac à dos de plus de 30 livres, peut effectivement me provoquer de la douleur. Rapidement, en arrivant à mon campement, je vais ressentir un profond sentiment de plaisir et de satisfaction.


Ce plaisir est susceptible de provenir d'un état de Flow, qui active le système de récompense dopaminergique du cerveau.


Ce qui expliquerait en partie ce sentiment d'exaltation dans mon expérience gustative de nouilles Ramens.


Mon cerveau fait donc cette équation:


Randonnée de 20 kilomètres + sac à dos de 30 livres = Souffrances


Souffrances + Atteinte du sommet en rando = plaisir


Plaisir + Nouilles Ramens = Activation du système récompense dopaminergique pour mon cerveau


Nouilles Ramens + Activation du système récompense dopaminergique pour mon cerveau = Ayoye! Meilleur repas EVER!


Bon, je ne suis pas une grande mathématicienne, mais si nous partons de la théorie que la souffrance permet de donner un sens à notre vie, cela expliquerait en partie mon sentiment de Flow et d'exaltation dans mon expérience gustative de nouilles Ramens après ma longue randonnée.


J'élaborerai un peu plus en détail sur la notion de Flow en intervention par l'aventure dans un article de blogue dans les semaines à venir. Entre-temps, je t'invites à écouter cette courte vidéo de Mihaly Csikszentmihalyi.


4. L'odorat: respirer les odeurs de la forêt


As-tu déjà entendu parler des phytoncides? Il s’agit de molécules émises par les arbres pour se défendre contre les bactéries ou les champignons nocifs pour eux. Selon le Dr Qing Li, les phytoncides ont des effets bénéfiques sur notre système nerveux parasympathique. Ce système régule toutes les fonctions de régénération et de détente du corps. Ils inhibent notre système nerveux sympathique, qui est responsable de l'analyse du danger et qui permet d’agir efficacement en cas de fuite ou d’attaque.


Nous en parlons un peu plus en profondeur de ses bienfaits dans notre article de blogue sur le Shirin Yoku ou Bains de forêt.


5. L'ouïe: renouer avec l'orchestre silencieux de la nature


À quand remonte le moment où tu as pris le temps d'entendre le battement de ton coeur?


C'est quand même incroyable qu'avec la cacophonie des temps modernes, on n'en oublie presque le bruit même de notre propre battement de coeur.


En m'enfonçant profondément dans la forêt, le fait d'entendre de moins en moins la vie humaine bruyante m'a fait un bien fou! Les sons de mes pas, du vent dans les feuilles, les gouttes de la pluie qui glissent tranquillement sur les arbres, le battements des ailes des Tétras du Canada croisées sur mon chemin... tous ces sons étaient profondément apaisants.


En entrevue dans un article de BESIDE, j'avais été intriguée par le travail de Bernie Krause qui recense les sons de la nature. Selon lui, le paysage sonore serait composé de trois types de sons produits par des organismes vivants, des phénomènes naturels et nous, les humains: la biophonie, la géophonie et l’anthropophonie. Chacune de ses catégories de sons auraient un impact différent sur la santé mentale et physique de l'humain.


Partir en solo en nature m'a permis aussi de se reconnecter avec l'expérience du silence. Récemment, ma chère amie et exploratrice polaire Caroline Côté me proposait de lire le livre d'Erling Kagge sur la notion de silence, un phénomène en voie de disparition en cette ère numérique bruyante.

"S'abstraire du monde ne veut pas dire tourner le dos à ce qui nous entoure, au contraire : c'est voir le monde avec davantage d'acuité, garder le cap et apprécier la vie. Il suffit parfois seulement de quelques grammes de silence pour trouver son chemin dans le vacarme du monde". Erling Kagge

À la lumière de mes lectures et mes expériences du silence de la nature, je réalise l'importance d'entretenir ce silence intérieur, cet espace qui est souvent trop encombré.


En conclusion, l'être humain a besoin de se connecter avec le d'autres êtres vivants, autres que des êtres humains, pour se développer et garder son équilibre.


Et ce n'est pas moi qui le dit et le confirme, mais bel et bien de nombreux chercheurs et auteurs mettent de l'avant ce besoin fondamental.





Références:

 

Quelques mots sur l'autrice du texte:


Laura Ducharme | T.S MED - Directrice clinique de MAÏKANA

Diplômée en travail social à l'Université de Sherbrooke et en intervention plein air à l'Université du Québec à Montréal, Laura Ducharme a développé une expertise en intervention en santé mentale, en intervention par la nature et l'aventure (INA), en leadership expérientiel et en sécurisation culturelle.




Elle est chargée de cours en intervention par l’aventure et le plein air au Cégep de Baie-Comeau et formatrice en sécurisation culturelle à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. En juin 2021, Laura est élue au conseil d'administration de l’Ordre des travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec.


Elle est récipiendaire du Prix Relève de l’année 2021 de l'OTSTCFQ et finaliste pour le Prix Jeune Leader de l’année 2022 de la Chambre de commerce et de l’industrie du Haut-Richelieu.




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